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Esta seção procura seguir toda a atualidade Yanomami no Brasil e na Venezuela. Apresenta notícias produzidas pela Pró-Yanomami (CCPY) e outras ONGs, bem como notícias de imprensa. Propõe também comentários sobre eventos, publicações, exposições, filmes e websites de interesse no cenário Yanomami nacional e internacional.

Yanomami na Imprensa

Data: 30 - Maio - 2003
Titulo: Les esprits se rencontrent
Fonte: Télérama.fr

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Photo : Claudia Andujar
La maison, Wakatha u, 1974-1976, de Claudia Audujar, photographe brésilienne engagée aux côtés de la tribu depuis trente ans.


Photo : Patrick Gries
Tamanoir, 2002 de Vincent Beaurin.


« Yanomami, l'esprit de la forêt », jusqu'au 12 octobre, à la Fondation Cartier, 261, bd Raspail, 75014 Paris. Ouvert tous les jours, sauf lundi, de 12h à 20h. Tél. : 01-42-18-56-72.


  Onze artistes ont travaillé avec la tribu des Yanomami

Les esprits se rencontrent

Confronter la création contemporaine au chamanisme d'Amazonie. C'est le concept de l'exposition atypique montée par l'anthropologue Bruce Albert à la Fondation Cartier.

Bruce Albert, anthropologue français vivant au Brésil, a consacré vingt-huit années à l'ethnie amérindienne des Yanomami, dont il parle la langue. Il est son principal défenseur et a fondé deux ONG pour l'aider à affronter le monde blanc. Avec Hervé Chandès, le directeur de la Fondation Cartier à Paris, il a conçu une exposition extraordinaire et atypique, imaginant une confrontation entre les chamans d'un village yanomami et onze artistes contemporains comme Raymond Depardon, Gary Hill ou Vincent Beaurin.


Télérama : Une exposition d'ethnographie sur les Yanomami à la Fondation Cartier, c'est plutôt inédit.

Bruce Albert : Nous ne voulions pas concevoir une exposition « sur les Yanomami » ! Car traiter d'un peuple en général, c'est ne s'intéresser à personne, ou alors à des anonymes dont on aurait volé l'image. Nous ne voulions pas non plus d'un propos ethnographique, avec reconstitution de l'habitat façon « appartement témoin ». Non plus d'un regard de compassion pour flatter la bonne conscience occidentale. Encore moins d'une approche esthétisante sur les objets usuels ou rituels des Yanomami, car la notion d'art n'a aucun sens pour eux.

Les quatre années de préparation nous ont permis de définir un principe d'exposition qui, lui, est inédit : travailler avec les Yanomami, et non pas sur eux. Tout en respectant une unité de lieu : un village, Watoriki ; et de temps : celui du séjour d'artistes contemporains - brésiliens, allemands, français, américains, japonais.

Télérama : Comment confronter des plasticiens occidentaux à des Yanomami qui ignorent la notion d'art ?

Bruce Albert : Nous ne prétendons pas assimiler le chamanisme yanomami à l'art contemporain, mais juste pointer quelques convergences. Les chamans sont les piliers de la société yanomami : non seulement ils guérissent les membres de leur communauté des maladies, les protègent contre les esprits maléfiques, mais ils sont aussi garants du bon « fonctionnement » du monde : de la forêt, des terres, du climat. Pour réaliser ces tâches surnaturelles, le chaman inhale une poudre hallucinogène qui lui permet mentalement de faire « descendre » et « danser » les êtres de la mythologie... Les chamans yanomami ont donc expliqué, par mon intermédiaire, leur système cosmologique aux artistes accueillis. Lesquels se sont inspirés de ce système et non d'un folklore à base de plumes et de peintures corporelles.

Télérama : On ne peut pas dire que le chaman et l'artiste contemporain exercent le même « métier ».

Bruce Albert : Bien sûr. Mais tous deux utilisent le bricolage symbolique (mental ou matériel) pour élaborer des « machines à voir ». C'est ce que Claude Lévi-Strauss a analysé dans La Pensée sauvage : au-delà des clivages culturels, tous deux élaborent des interprétations du monde qui échappent à la compréhension rationnelle. Quand on a demandé à Davi Kopenawa, le chaman avec qui nous avons mené ce travail, ce qu'il pensait des oeuvres réalisées par Tony Oursler et Vincent Beaurin, il a simplement répondu : « Ils rêvent proche. »

Télérama : Comment peuvent-ils se comprendre quand le contenu culturel n'est pas le même ?

Bruce Albert : Dans les deux cas, la compréhension du monde s'élabore par des images. Celles des chamans yanomami sont mentales, ce qui ne les empêche pas d'être extrêmement précises, variées, et riches d'une esthétique très forte. Après avoir inhalé la poudre yakoana, ils font descendre l'image des esprits, comme des particules de poussière brillante, sous forme d'humanoïdes minuscules magnifiquement parés d'ornements, dansant avec lenteur sur de vastes miroirs sans jamais toucher terre... Nos images, en revanche, sont matérielles, sous forme de tableaux, photos, films. Ce sont parfois des images mortes - celles de la télévision ou des magazines - qui colonisent notre imaginaire. Les artistes luttent contre ces scories et font comprendre leur monde avec des images vivantes. Pour exister, l'artiste comme le chaman doivent produire des images et avoir quelque chose à dire...

Pour cette rencontre-exposition, l'un comme l'autre ont accompli un voyage croisé et très déstabilisateur, parce qu'à la fois analogue et décalé. Les artistes occidentaux se sont trouvés confrontés à une production d'images mentales. Quant aux Yanomami, ils ont dû accepter d'être photographiés, et donc de laisser des traces après leur mort, ce qui est contraire à leurs principes.

Télérama : Vous n'avez pas organisé cette gigantesque exposition seulement pour montrer des analogies...

Bruce Albert : Plutôt pour réaffirmer la nécessité vitale de ce regard qui n'est pas lié à la culture marchande ou à la raison scientifique. Pour rappeler que l'art est peut-être une sorte de réserve écologique de cette pensée « sauvage » dans la société industrielle. Ces interprétations du monde sont d'autant plus précieuses qu'elles pourraient venir à manquer. Or nous avons besoin de la divergence des regards ! Cette déstabilisation du réel par d'autres découpages est vitale pour notre société.

Il est important de le rappeler au moment où la mondialisation dévore à grands pas les différences culturelles ; au moment où l'on nivelle jusqu'à la différence entre les sexes ; où l'on sait s'autoreproduire par clonage. Sans le point de référence extérieur, nous sommes menacés par l'autisme culturel, par un narcissisme maladif qui nous enlèvera toute créativité, dans un rêve d'autoreproduction sans fin... Les Yanomami incarnent avec force l'idée qu'il existe d'autres façons d'envisager le monde. Même si leurs préoccupations sont autres : s'ils ont accepté de livrer leur image, c'est dans une stratégie, pour faire reconnaître leur territoire. Ils savent qu'ils doivent convaincre les « gens de loin » (les Européens, par exemple) pour convaincre les « gens de près » : le gouvernement brésilien, mais aussi les chercheurs d'or et les colons.

Télérama : Pourront-ils rester indemnes de la mondialisation ? Chaque rencontre avec les Blancs a été pour eux une catastrophe : dans les années 70, ils ont été décimés par la rougeole et la grippe, dans les années 80, ils ont été envahis par quarante mille chercheurs d'or.

Bruce Albert : Les zones d'autarcie sont désormais intenables. Le contact existe. Il faut faire avec : nous travaillons dans la zone grise du « moindre mal ». Mon rôle d'anthropologue est d'agir un peu comme un vaccin : d'être la forme atténuée du Blanc. Depuis près de 30 ans que je me consacre aux Yanomami, nous avons obtenu la reconnaissance légale de leur territoire, hors quelques invasions sporadiques. Puis, après avoir créé deux ONG (1) pour leur protection médicale, nous avons un projet d'éducation, pour les aider à absorber le monde des Blancs - par exemple, l'ordinateur ou le droit international - dans leur langue.

Télérama : Manier un ordinateur, faire appel à un avocat, est-ce compatible avec la pratique du chamanisme ?

Bruce Albert : La société japonaise a su ménager une tradition forte dans une modernité de pointe. Le chamanisme yanomami a l'avantage de ne pas être une religion surplombante, avec des dogmes et une autorité suprême dont on pourrait vouloir se libérer. C'est un système ouvert. La seule donnée de base, c'est de faire danser les esprits. Ensuite, chacun crée son propre univers. Et cette liberté les rapproche plus de l'artiste que du prêtre.


Propos recueillis par Catherine Firmin-Didot


(1) Adresses : www.proyanomami.org.br ; www.urihi.org.br Et aussi : www.survival-international.org, qui a collaboré à l'organisation de l'exposition.

Télérama n° 2785 - 29 mai 2003

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Coordenação Editorial: Bruce Albert (Assessor Antropológico CCPY) e Luis Fernando Pereira (Jornalista CCPY)


 

 

 


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  Comissão Pró-Yanomami no seguinte
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  proyanomamibv@proyanomami.org.br
   

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